Article dans le cadre du Mois de l’histoire des femmes – femmes leaders dans le secteur minier

Une rencontre avec Myrzah Bello, vice-présidente, développement durable, Minière O3

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’entrer dans le domaine du développement durable? Comment votre carrière a-t-elle commencé?

J’étais bénévole au Forum sur l’environnement de Montréal où j’accompagnais 50 entreprises brésiliennes en visite. Là, j’ai rencontré mon futur patron à SNC. J’ai continué à en apprendre sur le domaine en progressant au sein de l’entreprise, renforçant mon intérêt envers les enjeux environnementaux. Nous avons reçu le mandat d’effectuer une étude de marché sur les crédits de carbone au Brésil, et j’avais une expérience approfondie de ce sujet. C’est ce qui a lancé ma carrière dans le domaine. Alors que j’étais à l’emploi de SNC, j’ai décidé d’entreprendre une maîtrise en environnement. 

Vous possédez une maîtrise en environnement de même qu’une maîtrise en administration des affaires. Pourquoi pensez-vous qu’il était important de s’attaquer aux enjeux environnementaux dans une perspective commerciale?

Cela contribue à mesurer les conséquences pour l’entreprise. Détenir à la fois une maîtrise en environnement et une autre en administration des affaires permet de concevoir l’influence de l’environnement sur les autres opérations commerciales.

Vous êtes présentement vice-présidente du développement durable et des ressources humaines chez Minière O3. C’est un poste important, mais qui demande beaucoup de travail. Pouvez-vous nous parler de quelques stratégies qui vous ont aidée à vous rendre où vous êtes aujourd’hui?

1. Une équipe solide : il faut croire qu’elle a les capacités et les compétences pour livrer la marchandise. Il faut établir des relations solides et les deux parties doivent se faire mutuellement confiance. 
2. Continuer à apprendre : j’ai toujours eu soif d’apprendre et je demeure ouverte à toute nouvelle occasion d’apprentissage. Je crois que c’est ce qui ouvre les portes, car on en sait plus sur différents sujets et enjeux.
3. Adopter une approche globale : j’ai une mentalité très holistique et je vois comment de petits gestes peuvent avoir des répercussions sur d’autres parties de l’entreprise. Dans l’ensemble, cela permet d’élaborer des stratégies commerciales plus solides à long terme.

VÉRIFICATION DES FAITS : Vous travaillez dans une industrie qui est encore dominée par les hommes; qu’est-ce qui doit changer pour que plus de femmes et de personnes autochtones, noires et de couleur (PANDC) puissent entrer dans le domaine?

Oui, c’est une industrie dominée par les hommes. Chez Minière O3, nous avons la chance d’avoir un effectif formé à 39 % de femmes, ce qui est plus élevé que la moyenne de l’industrie. Cependant, nous devons continuer à montrer qu’il y a des femmes et des personnes autochtones, noires et de couleur (PANDC) dans l’industrie. On a fortement l’impression que la majorité des postes de l’exploitation minière exige des tâches physiques difficiles, tant sous la terre qu’en surface. Cependant, un projet réussi implique de nombreux postes différents. Nous devons continuer à mettre l’accent sur le talent dans ces autres postes pour donner une image des différentes carrières dans l’industrie. 

Depuis que vous travaillez dans l’industrie, quels progrès avez-vous vus en ce sens? 

Nous continuons à recruter de plus en plus de femmes et nous avons une politique de diversité pour assurer l’égalité des chances à toutes les personnes qui posent leur candidature à Minière O3.

Vous avez plus de 20 ans d’expérience dans le domaine des changements climatiques. Quel genre de progrès avez-vous vu au cours de cette période quant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre par les entreprises? 

Lorsque j’ai commencé en 2001, personne ne savait vraiment ce qu’étaient les gaz à effet de serre ou quoi que ce soit en lien avec les changements climatiques. Toutefois, si vous arrêtez n’importe qui sur la rue aujourd’hui, cette personne comprend que les changements climatiques représentent un important enjeu mondial. Tout le monde en est bien plus conscient et les entreprises concentrent leurs efforts sur la réduction de leurs émissions. Il existe un volume croissant de données et de spécialistes en la matière, ce qui a permis d’éveiller les consciences et d’accentuer la pression sur les entreprises pour qu’elles en rendent compte.

Avez-vous déjà senti de la résistance en abordant le sujet de la durabilité avec des entreprises?

La capacité de lier des plans de réduction des émissions à des avantages économiques facilite beaucoup la persuasion des personnes qui avaient des doutes ou qui résistaient. De plus, l’avantage pour la société est d’autant plus clair.

Quels sont quelques-uns des outils que vous avez acquis pour réussir vos négociations?  

Je crois que l’empathie est une habileté essentielle pour la haute direction, et elle m’a permis de me mettre à la place d’autres personnes. Écouter ce que l’autre a à dire et reconnaître son point de vue est le seul moyen de progresser ensemble. Aussi, la mise en pratique de compétences en pensée critique permet de déployer des solutions avantageuses tant pour vous que pour l’autre personne. 

Maintenant que la durabilité a beaucoup gagné en popularité, comment faites-vous pour réaliser vos objectifs? 

Parce que la durabilité a gagné en popularité, l’entreprise y accorde plus de ressources pour atteindre le prochain niveau de durabilité. Ce n’était pas nécessairement le cas il y a quelques années. Aujourd’hui, il y a un plus grand soutien de l’entreprise envers la durabilité.

Sur quoi travaillez-vous en ce moment? 

Minière O3 cherche maintenant l’acceptabilité sociale de ses projets en rencontrant et en consultant ses parties prenantes afin de travailler à permettre et à établir une stratégie axée sur les talents et la culture pour le personnel.

Quels gestes avez-vous posés pour faciliter l’atteinte de vos objectifs en matière de durabilité?

Nous avons établi de nouveaux protocoles et de nouvelles procédures touchant à tous les piliers de l’ESG (environnement, société et gouvernance) qui nous ont aidés à obtenir la certification ECOLOGO. Nous avons publié notre premier rapport ESG en matière de durabilité en 2021. Pour appuyer davantage nos objectifs en matière de durabilité, nous avons créé une série d’outils de communication pour nos parties prenantes, y compris une infolettre, un blogue et une page Facebook, en plus de tenir des rencontres régulières avec des membres de la communauté de Val-d’Or et d’autres parties prenantes.

Auriez-vous un conseil à prodiguer aux femmes qui souhaitent entrer dans ce domaine?

Gardez l’esprit ouvert, vous n’avez pas le choix. Les choses évoluent rapidement et il faut savoir s’adapter. Garder un esprit ouvert va vous aider dans le processus d’adaptation.